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Pas que beau l'équipage...
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30 octobre 2006

Jeudi je suis allée à l'hôpital. Comme toujours

Jeudi je suis allée à l'hôpital. Comme toujours j'étais d'une humeur massacrante.

Je passe toujours devant le bâtiment où j'ai été hospitalisée quand j'étais en cp. C'est con mais à chaque fois que je passe devant ça me fait quelque chose, je me rappelle parfaitement de la chambre, de la disposition des meubles.. bref faut pas chercher, il y a des choses qui marquent à vie.

C'est plus fort que moi. A chaque fois que je vais là-bas, j'ai l'impression de sentir toute la misère des enfants malades dans mon bide, tout ce que j'ai vu, ce que j'ai vécu... ça remonte à la surface sans que je puisse rien contrôler et ça fait mal. Physiquement, je le ressens.

Samedi matin, j'ai peiné pour aller jusqu'au labo (prise de sang obligatoire). J'étais là dans la rue, personne, hormis un facteur. Et mes foutues jambes qui avançaient difficilement. Dans ce genre de situations, j'ai l'impression de ne sentir que mes os, je sens le poids de mes articulations, la rotule en marche, les os de la cheville.. je ne sens plus que ça.. je n'ai plus que ça.. C'est particulièrement affreux et douloureux aussi.

Et je regarde mes jambes en leur demandant d'avancer, surtout de ne pas s'arrêter sinon il y a peu de chances pour que j'arrive à repartir. J'arrive au labo, là aussi humeur massacrante mais bon je prends sur moi. C'est vrai que je ne suis, ou plutôt je n'ai jamais été une patiente très souriante.. Bah c'est comme ça!

Et voilà que l'infirmière qui ressemble à tout sauf à ça, maquillée à outrance, sans blouse, habillée comme chez mémé, me sort "vous êtes atteinte d'une polyarthrite - euh.. oui. - je l'ai vu parce que vous avez du mal à tendre votre bras. - ???! - il y a de plus en plus de jeunes qui ont ça maintenant."

D'habitude on me demande toujours pourquoi je fais une prise de sang, c'est mon côté malade incognito. Donc premier choc. Hein rien qu'avec mon bras, elle l'a vu ? pitetre que finalement elle le connaît son métier, maxima mea culpa.
Et la dernière phrase m'a tué. De nouveau, comme si toute la souffrance des jeunes malades s'étaient enfoncées directement en moi... J'ai repensé aux enfants que j'ai vu à l'hôpital jeudi, ils n'avaient même pas dix ans..
Et là en silence, alors qu'elle faisait son business avec les flacons de mon sang, j'ai pleuré. Elle s'en est même pas rendu compte. C'est sorti tout seul. Je ne sais pas trop pourquoi.
Comme envie de dire, vous n'êtes pas obligé de me rappeler ce que je subis tous les jours et pas la peine de me dire qu'on est plein à le subir également, bref que c'est de plus en plus la merde, partout...

Il y a les "frères d'armes". On dit quoi pour les malades? les frères de maladies? les frères dépendants des médocs? les frères d'hostos? les frères de souffrance?

Un peu tout à la fois.

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