27 mai 2006
Comprendre On a souffert. On s'est surpris à trop
Comprendre
On a souffert. On s'est surpris à trop aimer.
On a rendu, mais on ne sait à qui, les coups
du sort. On a jeté parmi les linges sales
un front très pur, et faisait-il partie d'un corps ?
On a tué son ombre : elle est ressuscitée
la nuit, dans le sommeil, plus lourde. On a menti
pour faire mal à la musique. On a rouvert
la blessure du doute. On a parlé aux chiens
qui ne répondent pas, aux arbres qui déçoivent,
aux murailles de fer. On a feint d'être l'autre
pour se comprendre à deux, ou pour mieux se
méprendre
sur le sens du hasard. On a réduit l'espace
à celui de la chair. On a gonflé le temps
comme un ballon qui crève. On a eu peur de soi.
Alain Bosquet, Sonnets pour une fin de siècle
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